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Expédition de canot-camping au parc Algonquin - partie 2

Nous sommes au jour 5 et c’est le début de la rivière Petawawa et des rapides. La rivière est entre-coupée de lacs, petits et grands. Les rapides débutent en force. Écrivant dans mon journal, je réalise que je me sens d’abord un peu inquiète pour le groupe (surtout mes deux gars et les canoteurs moins expérimentés. Comme j’en prends conscience, je choisis de laisser aller et d’en profiter.

Respirer. Moment présent et seulement celui-ci.

Prête! Plonger à fond. Être dedans. En profiter. Sourire.

Sentir la rivière. Sa puissance. Son danger. La respecter. L’écouter.

Descendre les rapides, presque religieusement.


Surprise Rapid représente…une réelle surprise. De gros rochers forment une barrière au dernier deux-tiers ce qui rend la descente périlleuse. Alexandre, avec toute sa fougue et son expérience, propose de cordeler ce tronçon. Stéphane et moi lui faisons confiance et nous entraînons le groupe dans l’expérience qui s’avérera mémorable. Nous descendons à la queue leu leu, le canot des deux gars en premier, le nôtre ensuite, celui de Manon et Olivier et, enfin, celui de Marie-Jeanne et Mathieu. Alexandre se promène avec agilité d’un duo à l’autre. C’est la première expérience de cordelle pour Manon et Oliver et ce n’est pas la plus facile!


Les chiens sont plus nerveux. Nous devons souvent marcher dans l’eau, sur de gros rochers et dans le courant. Ils doivent se dénicher un chemin alternatif. Ils sentent aussi l’énergie du groupe, l’adrénaline. À un moment, Félix-Antoine et moi les embarquons dans mon canot pour un passage plus difficile et pour qu’ils n’emmerdent pas les autres : quelle mauvaise idée! La charge émotive du canot vient de grimper en flèche. Nous hésitons à le propulser dans le rapide pour la cordelle, nous perdons le contrôle et le canot se retrouve coincé de travers avec une roche à chacune des pinces. Il se remplit d’eau. Une fois pris, il n’ira pas plus loin et nous faisons d’abord sortir les chiens. Ensuite, en se mettant à plusieurs, nous réussissons à le basculer et le vider de son eau pour le faire descendre. « Love the rock » en langage de canoteur! Nous faisons une pause bien méritée pour le lunch. C’est le temps de récupérer et de faire le plein d’énergie. La cordelle s’avère prendre beaucoup plus de temps et d’énergie que le portage, mais je suis heureuse dans l’eau avec tous les défis que cela représente. La fin se déroulera sans anicroches et nous pourrons même descendre la dernière partie du rapide dans nos canots.


Quelle journée! Et ce n’était pas fini. Nous suivons attentivement la carte pour passer les rapides au bon endroit puisque se tromper de côté d’une île veut dire des RIV au lieu des RII. Justement, dans un rapide RII, nous contournons ce qui semble être un petit seuil mais cela s’avère être un canot sous l’eau! Félix-Antoine et Alexandre s’élancent aussitôt pour examiner la situation. Nous pouvons marcher dans le rapide et le faire sortir. Les gars du groupe s’y mettent et le sorte de l’eau en moins de 30 minutes. Tout un travail d’équipe. Que d’émotions! Félix-Antoine et Alexandre divise la charge de leur canot et se retrouvent chacun en solo. C’est plus difficile pour Félix-Antoine qui a le poids de son chien qu’il doit équilibrer avec deux barils devant. Son canot est lourd. Ils réussiront tous les deux à faire le reste du trajet en solo.


Nous campons sur un site au bord de la rivière qui s’élargit dans un lac peu profond. L’orage passe plus loin cette fois. Même si le temps reste lourd et que ça veut dire plus de moustiques, nous sommes contents d’être au sec. Félix-Antoine et Alexandre serviront du chili accompagné de pain Naan et de fromage cheddar : tout le monde a faim et ils en ont en grande quantité! Nous serons tous au lit tôt, après une saucette pour se rafraîchir. Comme Marie-Jeanne le décrit bien : ce fut une journée divertissante.


Les rapides, qu’ils soient descendus, cordelés ou portagés amènent une énergie différente. Ils demandent plus de coordination du groupe et de chacun des duos. De la stratégie. À la fois, de la finesse et de la puissance. Cette journée m’a vraiment plongé dans une autre énergie et je me couche heureuse, dynamisée.


Belle demi-journée de rapides RII-III sous un ciel gris. Nous profitons de quelques endroits pour s’amuser, malgré des duos bien remplis. À midi, nous sommes arrivés au camping sous un ciel lourd et gris, le site est petit et les emplacements de camping pas évidents à trouver. Nous avons monté le camp assaillis par les moustiques. Nous « faisons avec » mais c’est nuageux et maussade. Sous cette perspective, ce n’était vraiment pas un beau site!


Toutefois, soudainement, le soleil s’est pointé, les moustiques ont fichu le camp et la perspective a tout de suite changée : c’est devenu un site magnifique! Nous nous sommes baignés dans la petite baie, nous avons fait sécher nos vêtements. Marie-Jeanne nous a préparé un fabuleux Poké Bowl : c’est incroyable de manger aussi frais au jour 6! Alexandre s’est mis à la pêche qui s’est avérée fabuleuse. Les meuniers noirs étaient tellement abondants qu’ils mordaient à tous les coups! Viva était très intéressée par ces mouvements et par les poissons. Nous avons passé un moment agréable sur les rochers. Pour bien clore le tout, nous nous sommes regroupés autour du feu. Ce fut décidément une demi-journée en montagnes russes avec des émotions dans les extrêmes.


Les journées ne sont pas prévisibles en canot-camping à cause de tellement de variables qui sont en mouvance : la météo, le parcours, l’énergie du groupe qui peut être confiant, fatigué ou autre. Je trouve que nous sommes entourés de gens respectueux, qui ont du vécu et qui s’adaptent aux diverses situations. Je me sens confiante, heureuse et relax cette année.



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