Au jour 4 (29 km), je me lève endolorie et endormie. Le début de journée est plus difficile pour moi alors que Stéphane se sent en meilleure forme. Je lui transfère le poids que j’ai pris. C’est agréable d’être ainsi pleinement partenaires et de pouvoir prendre soin l’un de l’autre. Je sens que l’on fait une vraie équipe!
Comme dit plus tôt, nous n’avons pas fait de recherches sur le sentier. Après environ 18 km, qui est plus ou moins la distance que l’on vise à chaque jour, après quelques attraits intéressants, le camping est exécrable. Stéphane a des ampoules sur plusieurs orteils et nous considérons arrêter quand même. À la fin, comme il est seulement 14h30 (nous avons marché vite malgré tout!), je prends le poids échangé ce matin et nous poursuivons. Et ça débute par une série de marches comme je n’en ai jamais vu en forêt! C’est une volée de marches après l’autre. Nous en avons le fou rire! Ça fait du bien, malgré l’effort.
Nous aurons marché 29 km dans la journée, rattrapé deux randonneurs et dépensé beaucoup d’énergie! Nous sommes fatigués, dans toutefois se sentir épuisés (encore). C’est beau ce soir. Je suis installée sur une grosse roche. J’écris. Je respire. Viva dort à mes côtés. C’est calme. Mon corps se repose. La nuit sera longue et récupératrice.
Le jours 5 (21km) sera le plus pénible de la randonnée. La vallée de Laurell est belle et le sentier poursuit ensuite, semblable aux jours précédents : « une marche en forêt ». Cette dernière se corse toutefois et nous montons en pente constante jusqu’au point culminant, le mont Sassafras. Avec les kilomètres de la journée précédente, la marche est lente et pénible. Nous parlons peu. Nous sommes concentrés sur nos pas, nos douleurs, notre fatigue. C’est le moment où la force du mental et l’énergie de notre tréfond sont les plus importants.
Nous sommes surpris par le sommet qui est tout aménagé sur du ciment et accessible par une route! En plus d’être le plus haut sommet de la Caroline du sud (3 554 pieds), on se retrouve à cheval avec la Caroline du nord. Ce semble être une attraction touristique et nous croisons quelques personnes venues en véhicule. Nous en profitons peu, en silence, trop fatigués. Stéphane est tellement épuisé qu’il pense à payer quelqu’un pour nous ramener au point de départ. Je suis assez en forme pour continuer, mais trop fatiguée pour créer une motivation quelconque et je pense que c’est à lui de décider en fonction de son corps et de son énergie. Nous poursuivons finalement vers le camping qui sera, de surcroit, le moins beau du parcours. Pas de baignade possible! Nous sommes épuisés. Une mécanique s’est installée au fil des jours pour monter le camp, cuisiner, traiter l’eau et c’est ce qui nous aide en cette fin de journée plutôt dramatique. Même Viva se repose ce soir.
Nous sommes donc fort surpris de se lever relativement en forme et la sixième et dernière journée se déroule très bien (13 km). Peut-être aussi parce que c’est celle qui nous offre (enfin!) quelques points de vue intéressants sur les montagnes environnantes? La journée se déroule au ralenti, au rythme des ampoules que Stéphane doit malheureusement endurer mais elle se passe dans la joie. Je nomme une belle fleur rouge la fleur emblématique de notre journée. C’est la première fois que nous la voyons. Nous profitons des derniers kilomètres. Le mental est fort : pour respirer, pour relaxer certains muscles au besoin, pour réguler l’énergie et la température du corps.
Nous retrouvons le campeur; notre chez nous. C’est un peu bizarre de penser que je ne rentre pas « chez nous », dans la maison que nous avons habitée pendant 12 ans. C’est un sentiment passager. En effet, en quelques clics je nous trouve un endroit pour dormir grâce à Harvest Host et on se retrouve dans une « micro-brasserie artisanale hippie » remplie de gens qui regardent un match de soccer! Nous prenons une bière, une pizza et au moment de se coucher dans la cour ombragée, je me sens la plus heureuse des femmes sur la terre.
Comment résumer cette randonnée en quelques points?
Une marche en forêt ponctuée de points d’intérêts (oubliez les points de vue!)
Marcher sur des crêtes avec une vallée de chaque côté
Monter et descendre plusieurs fois dans la même journée sans avoir de point culminant à atteindre
Croiser une quantité impressionnante de routes de toutes dimensions en terre battue, en gravier ou asphaltée. C’est peuplé par ici!
Monter et descendre une quantité incroyable de marches ce qui ne nous a pas rebuté finalement
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